Nous avons décidé au sein de notre association de lancer une « rubrique » sur notre site web « Racontez nous votre première ouverture » complétée accessoirement d’images.
J’ai été marqué par ma première ouverture et par le rôle et l’importance de mon père dans ma passion pour la pêche.
A ce titre en tant que Président de la Gaule Antrainaise, il me semblait important de rappeler ce moment inoubliable et unique au bord de l’eau souvent permis par un parent ou un ami, au final un guide capital quand cette expérience vous marque pour la vie. Ce rôle de transmission entre générations est pour moi essentiel car ces expériences au bord de l’eau sont des occasions de revenir à des plaisirs simples de la vie. Alors qu’une récente étude australienne a montré qu’un enfant en moyenne mettait en 1971 trois minutes pour courir un 800 mètres, désormais il en faut quatre minutes. La pêche (et plus particulièrement les pêche sportives) est une occasion de se divertir uniquement que devant une image fixe ou animée d’une télévision, ou d’une console de jeu video (et je sais de quoi je parle ayant été créateur de jeu video… ).
Alors que la nature tend ses richesses inestimables à nos enfants, nous avons parfois oublié l’animalité qui sommeillait en nous et du plaisir que nous pouvons avoir en se dépensant et s’immergeant dans la nature. Elle est autour de moi et en moi et aussi parce que la vie m’a donné une seconde chance après une grave maladie, je sais à quelle point elle si est importante.
A vos plumes : envoyez nous vos textes et éventuellement vos images dont nous publierons avec votre accord au fur et à mesure les meilleurs témoignages sur notre site web et également à l’occasion d’une manifestation annuelle sur le thème de l’eau, et des poissons intitulée « Au Fil de l’eau » dont le slogan est « Communions avec la Nature » . Plus de précisions prochainement sur ce projet à venir.
Olivier Morazé
Président de la Gaule Antrainaise
N'hésitez pas à nous envoyer vos textes et images d'histoires de pêche de votre première ouverture ou d'autres souvenirs marquants et uniques à notre adresse mail: gauleantrainaise@gmail.com . Ils seront publiés, avec votre accord, sur cette page. (Vous pouvez également nous faire parvenir des videos mais pour ces dernières nous vous conseillons d'utiliser un service en ligne pour transmettre les gros fichiers).
Nouvelle histoire de pêche "Axel un ami de notre président raconte sa première ouverture"
Je suis vraiment enthousiaste et touché de partager ce moment familial où trois générations de pêcheurs se retrouvent au bord de l'eau. Je pêche en mer depuis toujours et je suis satisfait par toutes les émotions que cela me procure. Toujours curieux, je n'ai pourtant pas été plus loin que l'étang de Carneville où invité par Grégoire, je prenais des gardons énormes. J'ai été marqué par la scène de "Et au milieu coule une rivière" et la veille de l'ouverture je rêve de truite énorme avec laquelle je dévale un courant monstrueux...
Le lendemain matin lever aux aurores, Arthur excité comme une puce a toute les peines du monde à finir sa tartine. On s'active, sans faire de bruit pour pas réveiller les filles (il ne manquerait plus qu'elles nous retardent...). Un crochet pour prendre papy Jean-jean, un autre pour prendre papy Gégé et nous voilà après quelques virages garé dans la cour d'une ferme. Sur la hauteur on surplombe le ruisseau et quelques futés sont en place, tapis comme des vieux renards ils attendent leur heure sur un poste connu depuis Ysengrin.
A huit heures mon ver est dans l'eau et sur les conseils d'Olivier je le fais évoluer à la vitesse du courant. Les premières truites s'élèvent dans les airs et retombent lourdement dans la rosée des lingots d'argent frétillent dans le pré et les yeux des pêcheurs commencent à briller de fierté... Moi j'accroche des branches au fond et sur les rives, je découvre l'étendue de la variété des essences d'arbres qui soutiennent les berges des racines à la cime. Et je me fais régulièrement manger mon ver sans entendre, ni sentir et encore moins voir l'ombre d'un Toc. Je suis bredouille, les truites ne veulent pas de moi je dois sentir l'eau salée. Je ne suis pas résigné et je voudrai essayer au vairon. Olivier prend le temps d'installer une monture, une éclaircie apparaît, il va bientôt être midi. La rivière est magnifique à cet endroit un virage, une berge creusée, le poste a été ratissé mais je le sens bien je fais quelque lancers pour m'ajuster puis je me place en amont de la rive. Le lancer est parfait et je sens que le courant aspire mon poissonnet dans le creux de la berge, je laisse filer entre mes doigts le nylon et je garde un peu de tension. La touche est sèche, brutale et mon fil fend l'eau lisse. Le poisson sort de son creux et remonte le courant. A ma hauteur elle se débat de l'autre côté de la rive mais progressivement elle se rend et vient s'échouer dans l'herbe épuisée. Sa bouche est fermée par le triple qui est piqué dans son palais et la mâchoire inférieure. Olivier, aussi content que moi me dit que c'est une truite fario sauvage exceptionnelle pour le ruisseau...
On rejoint les papis et Arthur pour le casse croûte et ma truite fait l'unanimité : c'est la plus belle de la journée. Pour moi elle restera ancrée dans mes souvenirs à jamais. J'ai troqué ma carte ouverture pour une carte annuelle toute zones car ça y est j'ai été contaminé par le virus de la truite. Merci Olivier.
Axel
Et voici notre première histoire "Notre président Olivier nous raconte sa première ouverture"
« Voici bientôt quarante ans déjà, mon père Jean-Claude décida de reprendre du service au bord de l’eau après s’être consacré généreusement pendant 12 ans à l’éducation de ses jeunes enfants, et aussi après de nombreux sacrifices pour l’entreprise qu’il l’employait, à une époque où elle était parfois une deuxième famille.
Ce jour du 1er samedi de mars 1980 (et non plus le deuxième comme maintenant), la nature avec son temps froid et sec (ah ! les mains gelés des premières heures…) avait décidé que tout se mérite et que l’ouverture de la pêche n’allait pas être un simple partie de plaisir.
Equipé d’une lourde canne en bambou et d’un moulinet, ma première surprise en arrivant vers 8H00 sur les bords du Nançon au lieu dit Le Moulin aux Pauvres, fut de découvrir que de nombreux pêcheurs étaient déjà présents. Le « concours » de pêche avait déjà bien commencé à une époque où les associations de pêche alevinaient lourdement. Il était compliqué pour mon père de trouver une place entre deux pêcheurs soucieux pour certains d’entre eux de préserver précieusement leur place, nous laissant aucune chance d’attraper facilement un poisson.
Alors que s’enchaînaient les prises, parfois ponctuées de grandes envolées de poissons au-dessus de nos têtes, nous étions en train de conclure la matinée par une bredouille retentissant !
Vers 11h alors que 80% des poissons d’alevinage avaient certainement déjà goûté le fond des paniers (parfois encombrés d’une dizaine, voire de plusieurs dizaines de poissons), mon père sonna le son de la révolte par la prise d’une truite fario, qu’il qualifia abusivement sans le savoir par sa joli robe ponctuée de points rouges de poisson sauvage . Et miracle dans un courant improbable encore gravé dans ma mémoire, alors qu’il ne substituait que quelques pêcheurs, une malheureuse truite arc en ciel fixa mon ver de terre de ses grands yeux et l’avala avec l’hameçon au fond de sa gueule sans que je m’en rende compte… Et à ma grande surprise en soulevant ma canne, un poisson se débattait.
Trente six ans après, je me rappelle de cet instant, de cet endroit, de ce courant, de cette truite comme un des plus beaux moments de vie de pêcheur.
Mon abnégation avait payé et dans tous les instants de pêche qui suivirent cette expérience unique au fil de l’eau, elle resta ma marque de fabrique. Viscéralement je suis attaché à l’eau, à la beauté des ses paysages d’hiver puis de toutes les saisons, et à ses poissons sauvages qu’aujourd’hui je recherche par-dessus tout, ainsi que l’apaisement et la richesse de nos milieux aquatiques préservés.
Et ces sensations je le dois à mon père qui m’a permis de vivre ces instants si importants avec lui et la nature. Vous êtes mes deux familles.
Olivier Morazé »